Définition:
L’assertivité ou comportement assertif, est un concept de la première moitié du XXème siècle introduit par le psychologue New-Yorkais Andrew Salter désignant la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres.
Dans le cadre des relations humaines, l’assertivité est présentée comme un comportement qui s’appuie sur le refus d’avoir recours à trois comportements types à effets négatifs :
les comportements d’agression (ou de domination par la force) ;
les comportements de soumission et de passivité, qui peuvent se matérialiser par la fuite ou l’abandon et engendrer frustrations, remords, irritation, désir de vengeance...
les comportements de manipulation (ou de domination par la ruse), parfois exprimés sous forme de manipulations mentales.
Le choix d’un comportement assertif suivra l’adoption de la « position de vie » correspondante.
Quelques outils...
Recevoir une critique... justifiée ou non
En principe, la critique se veut, constructive… Et pourtant, nous avons tous plus ou moins de mal à l'accepter. Jeu de pouvoirs ? Tentative de manipulation ? Ou simple feedback d'un comportement blessant de notre part ? Que sais-je ? Quoi qu'il en soit, voici quelques petits outils simples pour s’affirmer en douceur sans se laisser manipuler, au cas où les reproches deviendraient des jeux de pouvoir.
Le sphinx Cette technique est la base corporelle de l’affirmation de soi, l'assise même de l'assertivité. La technique du sphinx consiste à rester de marbre face au propos agressifs ou manipulatoires de la part de l'interlocuteur. - Respirez profondément, calmement. centrez-vous sur vos ressentis corporels. - Regardez votre interlocuteur en face. - Acquiescez de la tête à chaque critique - Une fois le sac de votre interlocuteur vidé, vous pouvez reprendre la parole. Ce temps de silence vous aura permis de prendre un peu de recul sur la situation, d'être moins dans l'émotionnel.
Le disque rayé Lorsque votre interlocuteur veut vous faire changer d’avis contre votre gré, cette technique consiste à répéter inlassablement les mêmes arguments, jusqu’à ce que l’interlocuteur abandonne. Cette technique joue sur l’usure.
"Je n’ai pas envie de faire autrement…""
"Affirmer sa position et à la tenir en employant éventuellement des formulations telles que : "Je souhaite en rester là pour aujourd’hui …"
L'édredon Développée par Manuel J. Smith, psychologue et chercheur en psychologie clinique, la technique de l’édredon fait partie d’un ensemble de méthodes permettant de renforcer le comportement assertif et favoriser une affirmation de soi sereine, ferme et respectueuse de l’interlocuteur. Cette technique simple permet de faire face à la critique abusive en l’accueillant dans des plumes, le choc sera amorti d'autant… Il va s’agir globalement de ne pas chercher à avoir raison à tout prix, mais plutôt d’accueillir l’information transmise de façon neutre, sans tomber dans l’émotion, et en restant ferme sur nos propres positions. Bref: de ne pas rentrer dans les jeux de pouvoir tout en restant droit dans ses bottes. Les critiques abusives ou agressives associent souvent des faits à des jugements, des ressentis, des interprétations, des généralisations, qui les rendent désagréables, car potentiellement injustes ou injustifiées, et elles nous font réagir au quart de tour. Il est donc nécessaire, en amont, d’apprendre à écouter soigneusement nos interlocuteurs pour distinguer les faits, indéniables, de leurs opinions, qui leur appartiennent et n’engagent qu’eux, même s’ils tentent de les utiliser pour faire pression sur nous.
1. Accueillir Accueillir la critique en silence, respirer profondément. Retenez ce que vous alliez dire ou faire. Cela permet de reconnaître l’agression et de diminuer la réaction émotionnelle, tout en envoyant à l’interlocuteur un signe de non réaction qui lui montre l’absence d’impact de sa tentative de manipulation.
2. Poser des questions sur le contexte et reformuler pour faire préciser - Reformuler les faits en ajoutant une expression qui les valide si vous êtes d'accord, sans pour cela rentrer dans son jeu: “en effet”, “effectivement”, “c’est vrai”, “c’est exact”. Posez des questions miroir. - Reformuler les opinions en ajoutant une expression qui renvoie leur subjectivité, leur non universalité: “c’est possible”, “peut-être”, “c’est votre point de vue”. - Reformuler les ressentis en les accueillant (les émotions ne sont pas discutables) “je te comprends”, “je t'entends”. Faire préciser le contexte permet de sortir de l’émotionnel, et d’en rester aux faits. Cela va apporter de la clarté, une pensée constructive et rétablir un contact positif. Dans 85% des cas, la manipulation s’arrêtera là.
3. Méta communiquer Méta communiquer, c’est sortir du contenu de la conversation et évoquer le processus en train de se dérouler. Pour cela, parlez de ce qui se passe entre vous, et non pas du sujet de la discussion. Exprimez la tournure que prend votre relation. Vous pouvez également faire part de vos sentiments et de vos émotions. Pour que cela fonctionne, il est important que vous restiez dans une posture bienveillante et constructive. Vous décrivez ainsi l’événement vu du dessus. Vous êtes alors en position « méta » et vous méta communiquez. Le fait d’échanger sur la situation permet souvent une prise de recul suffisante pour que le manipulateur arrête son office.
4. Donner un rendez-vous ultérieur Si le manipulateur continue, sortez alors votre agenda et donnez-lui un RDV ultérieur, pour gagner du temps Arrivé à cette étape, c’est que les 3 premières n’ont pas fonctionné ! Vous êtes face à un manipulateur coriace, qui peut-être n’a même pas conscience qu’il manipule… C’est alors le moment de s’éclipser pour mieux revenir ensuite. - Indiquez votre besoin de prendre du recul pour pouvoir aller plus loin. Proposez alors de poursuivre à un autre moment. - Prenez l’initiative des conditions : quand, où et avec qui. - Pour terminer, validez avec votre interlocuteur. Il ne s’agit pas ici de se dégonfler, mais d’un choix tactique délibéré. L’objectif est de prendre le temps de réfléchir à ce qui se passe et de revenir avec de meilleurs atouts.
C’est le mélange de calme apparent, d’accueil des faits, d’absence de réaction face à ce qui constitue réellement l’attaque (les interprétations et jugements) qui amortissent le choc d’une part et désarme l’interlocuteur d’autre part. S’il ne trouve pas ce qu’il cherche – la confrontation – il y a fort à parier qu’il va rapidement cesser un petit jeu qui ne le mène nulle part.
Exemple: Voilà une critique parfaitement hors de propos: un bureau bordélique qui concerne uniquement celui qui y travaille. L’exemple n’est peut-être pas très fréquent, mais il y a toujours un quidam pour venir vous expliquer en substance que si vous ne faites pas comme sa maman a dit qu’il fallait faire, alors vous êtes indigne d’évoluer dans son entourage. En d’autres termes, des personnes qui veulent nous imposer leurs valeurs et leurs convictions.
- Votre bureau est bordélique, mon vieux! - Effectivement, il y a beaucoup de papiers sur mon bureau. - Vous ne le trouvez pas bordélique? - Question d’opinion. - Vous ne pourriez pas le ranger de temps en temps? - Oui, je pourrais si je le voulais. - Alors qu’est-ce que vous attendez? - Je ne le crois pas nécessaire pour l’instant.
Notez les 4 étapes de la technique de l’édredon sur un papier ou sur votre smartphone. Ce sera votre pense-bête. Entraînez-vous à déjouer un manipulateur, dès que l’occasion se présente : au travail, dans la rue, au magasin, à la maison… La maîtrise n’arrive que par l’expérience.